ENTRETIEN | CLAUDE GAZIER

Comment êtes-vous entré en art ?

Mon mémoire de diplôme d’architecte s’est axé sur le « trompe-l’œil architectural » dans la recherche de l’évocation de la troisième dimension. Pour cela accélérations de perspectives et anamorphoses étaient étudiées comme techniques de l’illusion de la profondeur. La représentation picturale de l’espace était un outil majeur pour cela, comme dans l’Art Baroque italien.

Qu’est-ce qui constitue votre pratique ?
Ce qui m’a ramené naturellement à la pratique de la peinture pour appliquer ces notions au service de la conception comme de la réalisation de décors. Théâtre, Cinéma, expositions... Entre deux scénographies, la peinture s’est imposée, grâce à un passeur : Edward Hopper. En effet, la découverte de sa peinture très marquée par l’influence du Cinéma, m’a enthousiasmé et donné l’envie de rechercher dans l’histoire du cinéma l’évocation d’instants de vie que l’on ne trouve que dans cet art majeur du XXème siècle. Le questionnement du dialogue cinéma/peinture s’est alors imposé.

Pourquoi ce travail sur le cinéma ?
S’agissant de fixer durablement des émotions fugaces qui restent gravées dans la mémoire de tous (« Rien qu’une image, juste une image »comme disait J.L. Godard) l’intention de traduire l’instant m’a amené à abandonner la toile et les reflets de la peinture à l’huile. J’ai recherché de nouveaux supports et de nouvelles techniques pour exprimer un mouvement arrêté. L’utilisation d’une granulométrie minérale s’est rapidement imposée par ses qualités d’évocation du grain de la pellicule, dans une sorte de pétrification de l’image. ( cf texte de Gérard Mordillat 04 2020 « Les Arts Dessinés » Mon travail depuis explore la profondeur et le flou obtenu sur ces différents supports en utilisant la caséine comme dans les fresques rugosité, matité, luminosité selon la taille et la couleur des sables et granulats. L’inspiration vient aujourd’hui tant d’images de films que de photographies, souvent dans la recherche d’une expression de la profondeur atmosphérique pour les scènes extérieures comme pour les paysages.